La démocratie n’est pas un mot vain & anodin

La démocratie est un acte non une imagination. C’est une pratique que la majorité du peuple entretient. Le droit à la liberté d’expression est essentiel dans une société démocratique et dynamique, un respect de la personne humaine et une sacralité universelle de cultures et de civilisations.  Les droits de l’homme sont à la base de la démocratie complexe, prioritaire et conditionnelle. La Tunisie a vécu 23 ans de dictature et vit actuellement dans un contexte de transition démocratique en instaurant une charte des valeurs républicaines en fonction des droits, une Constitution et une administration de la diversité avec un pouvoir exécutif solide pour respecter et exercer les lois avec un équilibre de bonne gouvernance et de contrôle.

La foule des dictatures se veut s’imposer dans notre scène publique et politique, certains recueillement une assène faisant peur à des adultes et même à la petite enfance…Ils s’avèrent être motivés pour changer le monde et œuvrer pour une théologie religieuse et une vision manichéenne à savoir le mal d’un côté et le bien de l’autre selon leur encyclopédie familial de bons Samaritains de l’islam politique et de la Charia. L’ignorance, l’obscurantisme et l’extrémisme ont pris du terrain dans certaines zones d’ombre de notre pays. Pour des élus au pouvoir, cela ne peut être qu’ une aubaine. Mettre l’huile dans le feu, pour voir s’entre-dévorer certains partis d’opposition et des personnalités publiques est une œuvre bien sûr favorable à un camp au détriment de l’autre pour éliminer le plus menaçant et se débarrasser de la peur au ventre.

En affaiblissant les concurrents, le pouvoir absolutisme, dictatorial et autocrate se trouve dans une mauvaise posture: une scène visible dans une étreinte fatale dont les partisans se sont montrés assez virulents et assez déterminés pour réaliser leur ambition. Et alors un début d’une répression démesurée est déployé en une forme d’un assassinat politique pour mater les esprits dérangeant le sommet du pouvoir et également le pouvoir.

La démocratie, une culture de progrès et d’épanouissement

Dans les coulisses, la vie a quelque chose d’immuable dans une société tunisienne qui se veut consciente de consensus pour ne pas dire un chaos dans une phase intermittente et un entre-temps d’une jeunesse qui voit un avenir incertain. Cette jeunesse se trouve de nos jours négligée, parfois étouffée, de maintes fois marginalisée ou encore traumatisée et même exaspérée par un pouvoir pseudo-mafieux, religieux et dictatorial. Le mur se lève un jour et se révolte soudainement. Est-ce qu’il y a eu un miracle? Personnellement, je ne crois point aux miracles, ce qui compte réellement est la fascinante solidarité d’un peuple citoyen qui se veut pacifique, progressiste et moderniste. Les barbus et imberbes d’extrémisme n’ont aucune étiquette politique pour prétendre qu’ils sont révolutionnaires ou qu’ils sont là pour sauver le pays ou pire encore faire un nettoyage « propre » du pays. Ils ont peut-être oublié que ce qui est certain aujourd’hui, c’est qu’ils sont la progéniture de Didon, une grande dame, belle et ravissante, fascinante et magnifique dont l’histoire remonte à plus de 3000 ans. 

Profitant d’un beau temps, et d’un souffle d’air de liberté, le dialogue ne se refuse pas sans détour dans le cercle politique au nom d’un idéal utopique et anachronique. Je trouve que nous n’avons pas le droit aujourd’hui de saborder le navire et d’imposer insidieusement une nouvelle dictature. Nous devons comprendre que le dialogue national est une nécessité, un devoir, et un traitement frugal et non une option farlouse, le refuser est synonyme d’un assassinat d’une liberté qui vient juste de naître et une catacombe d’une transition qui prend le pas de tortues. Toute cacophonie de latitude d’expression ne peut mener qu’à un cul-de-sac et à une guerre fratricide, désastreuse et vaine. Et par ailleurs, une démocratie n’est pas un luxe que seuls les nantis de ce monde en disposent et peuvent en jouir et planer au-dessus de nos têtes comme des rapaces royaux. La démocratie se révèle un outil postrévolutionnaire armant le développement, un besoin vital et interactif permettant à notre peuple de vivre en harmonie, de s’émanciper, de s’épanouir,  d’effacer une anarchie de forme fouisseuse et de prendre son essor.

« La liberté de tout dire n’a d’ennemis que ceux qui veulent se réserver la liberté de tout faire. Quand il est permis de tout dire, la vérité parle d’elle-même et son triomphe est assuré », déclarait un jour le médecin et le politologue français, Paul Marat.

Certainement et naturellement, nos convictions politiques sont diverses et multi-visionnaires. C’est sans doute une richesse incontestable pour notre pays et seule la raison et le patriotisme peuvent nous rapprocher afin de pouvoir vivre en paix et en harmonie. Un tableau coloré ne peut avoir une valeur esthétique que quand les formes et les couleurs sont harmonieux, mariés et attrayants. Ce tableau perd tout son charme et son éclat quand les couleurs s’éteignent, s’effacent ou disparaissent et les formes s’effritent, et tout prend terme avec le temps comme la note  de Michelle Guérin, proclamant « Que tout est fugitif, éphémère ! Ne dure que ce qui nous déchire ! ». Et on veut la démocratie, alors on peut choisir de quelle démocratie on parle? Progressiste? Humaniste? Républicaine? On est encore au stade enfantin ou juvénile d’une transition d’un clean-up politique et socio-économique, en commençant par apprendre les ABC de comment nettoyer nos quartiers, nos villes, nos régions d’une dictature de 23 ans et finalement libérer la propre démocratie de notre pays!!!

Une des figures de la liberté d’expression dans notre pays est Lina Ben Mhenni. Cette célèbre blogueuse et militante tunisienne, qui avait largement participé au soulèvement contre le régime de Ben Ali, est décédée lundi  27 janvier à l’âge de 36 ans, des suites d’une longue maladie. avait transmis, à travers les réseaux sociaux, les premières manifestations de colère des habitants contre le pouvoir, avant de se rendre à Sidi Bouzid, après l’immolation par le feu du vendeur ambulant Mohamed Bouazizi le 17 décembre 2010. En 2011, Lina Ben Mhenni avait tiré un ouvrage, « Tunisian Girl, blogueuse pour un printemps arabe », de son parcours de militante. Son nom avait circulé pour le prix Nobel de la Paix après la révolution ayant chassé Zine el Abidine Ben Ali du pouvoir. En 2012, Lina Ben Mhenni avait reçu des mains du président de la république irlandaise, Michael D. Higgins, le Prix de la paix Sean McBride. Ce prix est décerné chaque année par le Bureau international de la Paix à une personne ou personnalité ayant accompli un travail remarquable pour la paix ou les droits de l’homme. Il porte le nom était l’un des pères fondateurs d’Amnesty international, qui a obtenu en 1974 le Prix Nobel de la Paix. Elle n’a jamais cessé son combat, malgré la maladie, pour défendre les droits fondamentaux en Tunisie.

La liberté n’existe qu’en présence de sécurité en combattant les refuges d’insécurité particulièrement dans l’espace Internet et via les réseaux sociaux. C’est une bravade majeure pour des contenus libres, justes, fiables, crédibles et pertinents.  

Les trois quarts des tunisiens insatisfaits de la démocratie

Sept tunisiens sur dix se disent insatisfaits de la démocratie dans le pays. Une enquête s’est déroulée pour évaluer le processus de la transition démocratique auprès de 4500 familles par l’Institut national des statistiques (INS) de 2014 à 2017. Les résultats de cette enquête sont parus le 24 août 2017 dans un rapport exhaustif.  Sur un plan global, le paysage du pays n’a pas vraiment évolué dans le bons sens, la transition démocratique a été longue et lente. 76% des participants à cette enquête ont été des jeunes dans la tranche d’âge de 18 ans à 29 ans. 70% des jeunes ont été mécontents de la démocratie et de ses apports et plus de 65% des seniors ont démontré leur insatisfaction sur le processus démocratique. Les taux des citoyens les plus insatisfaits étaient au Nord-Ouest, au Nord Est, au Centre Est avec un pourcentage dépassant 75%. Pour la liberté des expressions, 60% des citoyens considèrent que cette valeur continue à en être respectée plus ou moins mal, 53% des interrogés considèrent que la liberté de la presse est assurée. Par ailleurs, 70% des citoyens tunisiens considèrent que la confiance des établissements éducatifs publics reste de mise, malgré les tentations syndicales de faire régresser ces institutions. Moins d’un tiers des élèves poursuivent leur parcours scolaire dans des écoles primaires, des collèges et des universités publiques, les prestations fournies sont en-deçà des attentes. Par exemple, 46,4% des instituteurs ne sont pas qualifiés pour enseigner dans les écoles, des absences fréquentes (30% des cas), un déficit pédagogique pour 40% des enseignants et des programmes scolaires non achevés. 40,5% des élèves sont obligés par leur maître ou leur professeur de suivre des cours particuliers. Pour la déscolarisation des filles et l’abandon scolaire, ceci est lié dans 51% des cas à l’élévation des frais de scolarité et des défaillances des infrastructures et moyens de transport dans les zones d’ombre. L’enseignement supérieur souffre de l’absence de certaines spécialités, un manque d’un encadrement pédagogique, le faible niveau des enseignants et le nombre élevé de grèves.  Pour les infrastructures, 21,5% des répondants ont souligné qu’il y a un manque d’eau potable dans les régions du nord-ouest et du centre est, sachant que 3% des zones rurales sont privées de canalisations et de systèmes d’évacuation d’eaux. “Ce sont les démocrates qui font les démocraties, c’est le citoyen qui fait la république », citait l’écrivain français Georges Bernanos. 

Les résultats démocratiques impulsent ainsi l’avancée d’une transition démocratique forte pour les réformes, les droits des femmes, l’égalité des hommes et des femmes, la séparation de la politique et de la religion.

Le voisinage avec l’Europe tant au niveau bilatéral que sur le plan de coopération triangulaire et multilatérale recèle d’importants et immenses opportunités permettant de favoriser l’adoption et le maintien d’un partenariat stratégique et de lui donner une nouvelle impulsion dynamique en générant davantage d’audace, de volonté, d’imagination, de persévérance et de cohésion dans la recherche et l’exploitation des connaissances des états, des cultures des peuples, de leurs spécificités, de leur évolution, de leur bien-être et de contribuer à l’évolution de leurs conditions de vie. La liberté d’expression a de la place dans un pays démocratique. Alors, au lieu de s’efforcer de restreindre la liberté d’expression, les autorités tunisiennes devraient s’attacher à modifier et abroger les lois et pratiques qui menacent ce droit et harmoniser enfin le Code pénal tunisien avec les normes internationales et la Constitution.